Vous fermez les yeux sur notre colère

«vous fermez les sur notre colère» , livre de photographies d’un poète et philosophe qui a suivi durant l’année 2020 quelques une des manifestations qui ont eu lieu à Paris.  Il ne s’agit pas de faire un catalogue, qui suppose toujours une sorte de commentaire ou une explicitation, mais de montrer des photos, c’est-à-dire ici des gens en situation d’agir pour leurs droits, leur dignité, leurs revendications, etc. ; une sorte d’attention portée à «l’empowerment» plutôt qu’au fait que ces gens sont aussi victimes, subissent, etc. C’est pour ça, par exemple, qu’il n’y a pas dans ces photos de violences policières. Il y a ceci dit quelques photos où la fragilité, voire une forme de désespoir est montrée, parce que c’est une dimension qu’il ne s’agit pas non plus de cacher.  Les photos montrent déjà ce qu’il y a à montrer (des corps, des affects, des postures, des mots, etc.) et il n’est pas nécessaire de souligner ceci ou cela ou de «flécher» le regard. Le sujet  semble appeler cette simplicité de la présentation : des gens sont là, pour la plupart en situation de précarité sociale et économique, il les photographie avec un appareil peu cher (en tout cas si on le compare avec le matériel que trimballent les photographes que l’on voit dans les manifestations), sans zoom ni rien, en allant volontiers vers une «esthétique» commune, souvent proche des photographies quotidiennes.

 

 

20 euros


 

Les policiers nous ont frappés à coups de matraques, la nuit dernière ils nous ont gazés, leurs chiens ont mordu nos jambes et nos bras, je suis venu pour dire ça, je suis venu pour dire que nous sommes la mémoire des migrants morts en exil, je viens de Somalie et maintenant je suis quoi ?, j’ai vu des gens se noyer en mer

Égée mais je n’ai rien pu faire car je ne sais pas nager, les gens meurent et la police française frappe les survivants, pourquoi ?,