Paul de Brancion

Il s’agit du cancer. TU-RARE, TU pour TUmeur, RARE, pour cuRARE.. Poèmes d’une grande force qui évoquent la maladie, la solitude, mais aussi le traitement, la guérison et la place de l’écriture qui permet de surmonter les instants les plus durs. Poser des mots et ainsi apprivoiser ce qui fait le plus peur .

72 pages, 10 euros

 

 

 

 


 

Extrait

La mer  avait trois bords
pas un morceau de plus
acérés
infinis
ils supprimaient le temps
tous les galets roulés
déroutant l’horizon
donnent au ciel envie
de se départir
de ses jamais immenses
 couchers de soleil
 bleu incendié des nuages
                          
                           abasourdi
il a contemplé cela
    contraint à la beauté
    alors qu’en fait
    il savait bien
le côté qui pesait
    invisible
    le troisième
    amer et implacable
    dont on parle si peu
tant sa place est féroce.


(autre poème)

Et puis ils ont décidé de l’astreindre.
Il a écouté, apeuré, tremblant le verdict dont il ne comprenait, ni ne savait rien, en parfaite humilité jusqu’à l’infinité détaillée de son être surpris par la peur.
Relatif tout cela,
relativement sauvé,
suspendu, vivant.

Mais alors cet organisme porteur de lui-même et de cet autre, qui gène et qui menace lui a donné occasion de s’accepter un moment, de se ressentir aimable et donc aimé contrairement à ce qui lui fut inculqué par notre sainte mère l’Eglise.
A cet instant de perception à demi absolu, il a pu, en l’attente de mieux, reconsidérer l’espoir, reconstruire le possible, alors même que son corps l’abandonnait à nouveau.
Etranger redevenant ce nubile imbécile de l’enfance apte à rejeter tous les gestes, les embrassements
au motif que pendant des années ils lui avaient été refusés.
Violence contre violence qui conduit à l’absurde,
à l’échec
qu’il convient de rejeter,
absolument.