Tache jaune, Monochrome bleu, Sorte de blanc

  A quoi reconnaît-on les enfants perdus sinon à ce que le sort s’est acharné sur  eux ? Leur curriculum, en effet, abonde en brimades, spoliations et autres avanies. Souvent, ils y ont perdu jusqu’à leur nom et prénom. De sorte qu’exister, pour eux, ne tient plus qu’à un fil : l’improbable surnom dont ils sont affublés.

   Ainsi en va-t-il de TACHE JAUNE, de MONOCHROME BLEU et de SORTE DE BLANC, les « enfants perdus » de cette histoire. Que leur est-il donc arrivé ? De quoi ces trois couleurs sont-elles le nom ?

   Pour le savoir, il faut bouter nos héros hors de leur titre à rallonge… Ils y figurent seuls et trop bien alignés, comme à l’abri du monde, tandis que dehors c’est le livre grand ouvert : le Danemark d’Andersen, le Jutland et son finistère, là où tout s’est joué pour eux, jadis, entre Odense et Skagen.

   Un lecteur qui cheminerait en leur compagnie pourrait bien découvrir que lui aussi a partie liée avec une histoire ancienne.  Et que le sentiment d’incomplétude dont il se plaint parfois tient peut-être à l’ambiguïté de sa propre nature : bien que « né des œuvres » de ses parents, il serait également originaire d’un conte.

 

 

14 euros


   Est-ce donc cela, un conte ? Une histoire que l’on improvise, en état de faiblesse ou de sidération, à la faveur de quelques mots nouveaux ? 

   En tout cas, l’âge que l’on a, aux portes du conte, et l’âge que l’on a, en son sein (tel que l’on s’y projette), ce n’est pas le même.

   A l’intérieur du conte, on remonte si naturellement vers la source qu’aussitôt on rajeunit.