Rivages oubliés
Chrétien d’Orient en Syrie, Gebran Saad est devenu un étranger dans son propre pays en raison de la guerre et en raison de sa religion. Il a dû alors s’exiler, comme beaucoup de ses compatriotes (« Le Poème de Syrie » ou encore « Pilules et talisman dans la poche de l’immigré »). L’exil, dans sa poésie toute en délicatesse et élégance, devient voyage, rencontre, car, comme le dit la grande poétesse libano-syrienne Etel Adnan dans la préface de ce recueil; « le malheur ne peut se vivre que comme un voyage, un espace ouvert, une découverte, même s’il ne s’agira en fin de compte que d’un voyage dans ce malheur même.»
D’autres textes comme «Le poème de la petit fille syrienne» évoquent à travers la mort d’une petite fille le destin tragique du peuple dans son pays en guerre.
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Le poème de la petite fille syrienne
Je suis la timide petite fille syrienne dont le cadavre garde
Les rues déchirées
De Syrie ;
Je suis la bougie auprès de laquelle veillent
Tous les apôtres et les icônes
Du crépuscule
Jusqu’à l’aube
Et je ne dispose d’aucune promesse ;
Je suis les craies et les jeux en papier
Qui se promènent entre les classes
Les couleurs vives
Dans les vallées des roses
Avant et après la genèse du monde...