Rivages oubliés

Chrétien d’Orient en Syrie, Gebran Saad est devenu un étranger dans son  propre pays en raison de la guerre et en raison de sa religion. Il a dû alors s’exiler, comme beaucoup de ses compatriotes (« Le Poème de Syrie » ou encore « Pilules et talisman dans la poche de l’immigré »). L’exil, dans sa poésie toute en délicatesse et élégance, devient voyage, rencontre, car, comme le dit la grande poétesse libano-syrienne Etel Adnan dans la préface de ce recueil; « le malheur ne peut se vivre que comme un voyage, un espace ouvert, une découverte, même s’il ne s’agira en fin de compte que d’un voyage dans ce malheur même.»
D’autres textes comme «Le poème de la petit fille syrienne» évoquent à travers la mort d’une petite fille le destin tragique du peuple dans son pays en guerre.

 

13 euros


 

Le poème de la petite fille syrienne

 

Je suis la timide petite fille syrienne dont le cadavre garde

Les rues déchirées

De Syrie ;

 

Je suis la bougie auprès de laquelle veillent

Tous les apôtres et les icônes

Du crépuscule

Jusqu’à l’aube

Et je ne dispose d’aucune promesse ;

 

Je suis les craies et les jeux en papier

Qui se promènent entre les classes

Les couleurs vives

Dans les vallées des roses

Avant et après la genèse du monde...