Qui s'oppose à l'Angkar est un cadavre
Paul de Brancion
C’est un voyage dans le Cambodge d’aujourd’hui pas encore – à peine – sorti de son passé.Ce texte poétique – suivi d’un livret d’opéra – s’affronte à l’inarcération, la torture, l’enfermement. Il traite des crimes contre l’humanité perpétrés par les Khmers rouges : souffrances qu’un peuple s’est infligé à lui-même. Cette capacité de l’homme à s’auto mutiler, à tourmenter son propre corps est au coeur de « Qui s’oppose à l’ANGKAR …». La violence s’oppose à la douceur d’un pays lumineux.
Ce livre au ton poétique retenu se met en retrait de l’horreur dans une sorte de politesse distanciée. Surdité assourdissante qui s’impose devant une question à laquelle ne se trouve aucune réponse. Il n’y a pas de banalité du mal mais une pesanteur de cette vie qui continue malgré tout.
Le livre de Paul de Brancion fait écho à son oeuvre qui s’intéresse au fil des ouvrages à la souffrance intérieure, celle de la perte (Le marcheur de l’oubli), de la maladie (Tu-rare), des imprécations du temps.
14 euros
Tuer est un travail
harassant
et sale
qui le fait ne s’en sort
qu’à l’écervèlement du juste
ce qui est bien
oublié
nié
la mort a ceci d’inéluctable
après
pas revenir en arrière
pas pouvoir
ne reste que détruire
faire disparaître les traces
pourquoi ne pas revendiquer l’immondice
et assumer jusqu’à la lie
la froideur ciselée du rejet de toute humanité belle