Noire substance

La maladie de Parkinson est caractérisée par la disparition de neurones dans une zone particulière du cerveau appelée « substance noire » ou « Locus Niger ». Noire substance est un texte, le résidu d’une expérience intime : la mort programmée du père de l’autrice, touché par cette pathologie. Il tente de relater cet étrange voyage au cours duquel le moi se délite et où le corps seul finit par compter et imposer sa façon de parler. Même s’il intègre à la narration les détails des conséquences de la dégénérescence, ce récit n’est que la vérité de celle qui l’a écrit en cherchant, comme dans ses précédents livres, à ne jamais mentir, à saisir l’abrupt de la vie pour y débusquer aussi l’improbable douceur.

 

 

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Tout a disparu. Ni la voix, ni la démarche, ni même – et c’est le plus vertigineux – le regard ne lui rappellent rien. Seul un éclat d’humour, parfois, vient redonner au vieux une couleur connue qui le sauve alors, juste une fulgurance, de l’équarrissage aléatoire qu’il doit endurer. La fille comprend ce qu’elle sait déjà : née seule comme lui dans une lumière insensée, seule elle embarquera dans un cercueil vers le feu et après, quoi ? Les cendres. Entre ces deux îles hostiles, un simple chenal, un tour de passe-passe.