Le joueur de flûte

Il s’agit d’une “réécriture” du conte du “Joueur de Flûte de Hamelin”, légende allemande qui a été transcrite, notamment par les frères Grimm. Elle relate le désastre qui serait arrivé le 26 juin 1284 dans la ville de Hamelin.

 Les rats ont envahi la ville et détruisent tout, les habitants meurent de faim. Arrive un joueur de flûte qui se propose de débarrasser les lieux de tous ses nuisibles contre 1000 écus promis par le maire. L’homme prend sa flûte et précipite les rats dans la rivière mais les habitants refusent de tenir leur promesse. Le joueur de flûte part mais revient plusieurs semaines après et, jouant de la flûte une nuit, les enfants de la ville le suivent et disparaissent.

Selon les versions, ils sont emmenés dans une grotte, parfois ils sont eux aussi précipités dans la rivière.
 

Si la version de Florence Pazzottu, poète, cinéaste, artiste, suit dans les grandes lignes l’histoire, elle la transpose à notre époque, à un moment symbolique fort, la fête de Noël. Allégorie magnifique du rejet de l’autre, de l’étranger qui, venu aidé, est méprisé. Dans cette version, il emmène les enfants mais en fait les libère d’une vie et d’un monde froid et mort dont l’unique valeur semble l’argent. 

 Les aquarelles d’Hugues Breton sont d’une noirceur et d'une tristesse profondes mais aussi d’une grande luminosité et gaieté quand le joueur de flûte entre en jeu. Florence Pazzottu livre une oeuvre exigeante, aux contraintes stylistiques fortes, mais dont la narration, épurée, offre une vision concise et expressive de ce conte.
 

Tolérance, rejet de l’autre, monde dont les valeurs sont basées principalement sur l’argent et la consommation, tous ces thèmes sont évoqués et feront réfléchir petits et grands.

 

 

13 euros


 

Dans un paysage et opaque et glacé
(deux ombres molles tout à l’heure ont passé)
une ville sans nom s’est dressée. Austères
hautes, ses tours en dissimulent l’accès ;
c’est une forteresse que nulle voie
ne traverse, impénétrable aux yeux de qui

viendrait du dehors. Nul du dehors d’ailleurs
ne doit venir. Les habitants de la ville
sans nom ont une passion pour l’identique.
Parlant comme un seul homme, bougeant comme un
seul corps, c’est en comptant surtout qu’il leur plaît
de tuer le temps. Et c’est justement grand

jour d’achats, veille de fête, dans la ville
sans nom. Chacune et chacun s’impatiente et
s’agite, se presse où pressent les autres.
Autour des tables les groupes se font et
tout le soir ainsi on va se satisfaire,
se féliciter, échanger les paquets,