La gestion des espaces communs

Une fois ôté tout projet d’écrire, on peut commencer de la façon la plus simple, faire avancer un nous, l’inscrire dans un espace élémentaire issu de l’enfance ou de l’administration des eaux et forêts, qu’il traverse on ne sait trop dans quel sens car il y progresse peu. Les éléments sont prêts pour un récit, mais disjoints, parfois défectueux. C’est un assemblage non-linéaire. Si chaque paragraphe est une nouvelle tentative, le but n’en est pas clair, quoique sans cesse il soit question de définir ce dont il s’agit. Du reste, le nous peut céder la place à un je, un tu, qui ne sont pas davantage individués. Ils ne sont aussi bien qu’un effet de la grammaire. Pas de solution de continuité entre la langue et le réel (ou la fiction), non parce qu’ils s’équivaudraient mais parce que croyant être dans l’un on est dans l’autre : ça communique, comme si – hypothèse – l’objet de ce texte était le texte lui-même et l’objet qu’il constitue, qui dérive à l’intérieur d’un espace clos.

 

14 euros

 


 

Pour écrire l’histoire naturelle de cet espace où les objets ne sont

reliés entre eux que parce qu’il est clos, nous n’allons pas choisir

ce qui restera quand nous aurons enlevé tout le reste, mais quand nous aurons même enlevé ce qui restera, tout en gardant incertainejusqu’au bout la nature de ce que nous ferons en écrivant.

Tous les trois pas (ou pour mieux dire, chaque trois pas, car ils forment une unité), nous nous arrêtons pour respirer, assouplir les tissus conjonctifs, étudier, nous ouvrir, bâtir avec des outils, des objets, des matériaux, une cabane pour les ranger. À la fin, nous aurons fait plusieurs fois le tour, pensé, senti, agi, vécu. Nous aurons été tout ce temps-là en chantier.