La constellation de la sandale

Après la pandémie, qu’est-ce qui fait société ? Comment trouver sa place entre les campagnes rurbaines et la nature réglementée ? 

En 2020, Sandrine Cnudde traverse seule l’Occitanie à pied. À l’étape, elle lit des poèmes chez l’habitant. Journal de voyage ramifié de poèmes, interrompu de courts-circuits temporels et sensibles, Sandrine Cnudde nous livre un récit poétique peuplé de personnages, de portraits. On partage avec elle l’immersion dans des décors discrets ou splendides, des nuits à la belle étoile, d’éprouvantes chaleurs, une chute fulgurante, des discussions autour de la vie culturelle des territoires reculés et l’impact de la pandémie. Ce livre est une tentative de représenter la vie des lieux en marge de l’attention médiatique à une période où rencontrer l’autre est difficile, où l’on capte la voix des dolmens et des éoliennes, où l’on cherche ce que masquent les ronces en tricotant le collectif à l’intime. L’énergie et la richesse des variations de la prose au poème guide le lecteur, comme une constellation pour le voyageur égaré, ouvre à une conscience des choses modestes voire invisibles, une conscience d’être au monde.

 

 

16 euros

 


 

EXTRAIT 


Lundi 7 septembre - marche + lecture chez Didier
Clairan - Claret (Gard-Hérault) 

La nuit est courte. Petit-déjeuner avec Astrig et Jacques à sept heures, nous discutons des effets minimes du confinement dans la ferme en quasi autosubsistance. Astrig m’offre un merveilleux pain d’épices fait maison, il tiendra bien trois jours, je le découperai avec dévotion avant de le savourer. Je me souviendrai longtemps de ses accords d’épices. Son mari Jacques raconte l’histoire du berger de Moulezan dont j’avais repéré le passage des brebis dans le bois de Lens, hier. Je ne l’ai pas notée tout de suite, j’ai oublié. Je suis distraite et comme retenue par la lumière du matin dans la maison, qui crée un climat où s’accorde le passé du lieu et la générosité de ses habitants. 

si les tables avaient 

de la mémoire elles se souviendraient 

du poids des oiseaux