Nous nous battons pour le plaisir

« Nous nous battons pour le plaisir » de Kadhem Khanjar évoque de façon récurrente la profonde tristesse et la colère que provoque la violence quotidienne en Irak, si banale que même la mort devient banale comme nous le voyons dans le poème d’ouverture sur le snipper américain, les morts ne sont plus que des trophées dont on se vante. Encore des morts, encore des restes humains éparpillés, encore un ami tombé. Rien de neuf sous le soleil qui plaque. Le poète toise le tyran : ses efforts incessants pour instaurer la terreur n’effraient plus personne. La population est habituée mais même sa mort ne libère pas. Et les familles sont détruites, les enfants meurent. Le Printemps arabe a conduit à une libération de la création artistique. La génération de Kadhem Khanjar se passionne pour le dessin, la peinture, le street art... et la poésie. C’est une parole qui fuse enfin dans un pays où on doit se taire, les corps qui exaltent dans une vie de contrainte, c’est le plaisir pur de la poésie-action, dans un monde qui ne jure et ne juge que par la tradition.


La petite fille a dit à sa mère : Je vais aller jouer dans la rue

Puis elle est sortie de la maison.

La mort a dit à sa mère : Je vais aller jouer dans la rue

Puis elle est sortie de la maison.

Pendant des années elles ont joué ensemble dans la rue

À courir l’une après l’autre

La fille attrapait la mort

Et la mort attrapait la fille.

La nuit

Chacune ramenait avec joie l’autre à sa mère.