Les corps caverneux
Les corps caverneux (LansKine, septembre 2021) constituent un récit poétique construit en sept séquences. Le titre fait allusion au désir sexuel dont la force insurrectionnelle se manifeste dans le livre notamment à la séquence « désir de nuages « et « les corps cav «. Néanmoins, derrière l’allusion à nos anatomies désirantes, les « corps caverneux « désignent ici, avant tout, les cavernes en nous par analogie avec les cavernes préhistoriques : les corps caverneux sont donc ces espaces vides, ces trous ou ces failles, que nous avons tous en commun et que notre société de consommation tente de combler par tous les moyens : achats, faits divers etc. Il ne s’agit pas de cabanes, de lieux précaires et provisoires à habiter hors de nous, mais d’espaces solides et intimes à défendre avant que d’aller lutter à l’extérieur. Dans chacune des séquences est évoquée une nouvelle attaque contre ces espaces intimes de respiration et de liberté, en réaction à laquelle une musique émerge, une musique de nos cavernes, qui nous permet de nous cabrer et de rester vigilants.
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Rodez blues (extrait)
Il pleut encore sur rodez
d’une pluie déjà vue
une pluie presque chaude
hors-saison
Il pleut toujours sur rodez
d’une pluie sans printemps
des gouttes qui tombent
avec rebond
comme du blues
nécessairement
Tu te souviens sans doute
des bonds et rebonds
de l’eau
près du granit rose
qui tombent
en chantant
qui tombent exactement
comme des notes
bleues
regardant
Une Rapsodie pour qui ? (extrait)
Après les caisses, tu en as pour ton argent,
toutes les viandes et même plus
toutes les viandes à perte de vue
le veau d’or aux hormones
ça te booste la phéromone
Fais-toi sauter les bretelles
avec le ragoût
Le veau est tellement gros qu’il ne tient pas debout
pas grave, on le sangle
Tu es tellement gros que tu ne tiens pas debout
près de la bretelle
d’autoroute
Roule-toi
vers le plein
vers le plein
Digère le trop-plein
du vide