Câble à âmes multiples

Dominique Quélen donne à voir de façon drolatique et désespérée la  représentation la plus vivante possible du fatras. Avec la précision rigoureuse d’un scanner et une intelligence qui a le front de se montrer joueuse, il nous emmène côtoyer les monstres.


EXTRAIT

La compagnie des animaux familiers. La compagnie d’incinération des animaux familiers. La lettre de la compagnie d’incinération des animaux familiers. Corps comme indiqué plus haut, non destiné à la viande animale. Face inférieure tournée vers soi. Ayant été déposées la veille : seringue, sonde, collerette. La grande collerette blanche de cérémonie. Le carcan ou collerette en plastique, du plastique dur, du vinyle, où sont posés la tête et l’œil et la gueule. Qui s’adapte et qu’on peut réutiliser. Vas-y. Le matériel en trois temps : octroi, ablation, oubli. En carton fort, avec des rabats. L’ablation de la langue et tout autour. La sombre collerette à isolation du monde. Et sous la langue, sera dans le carton fort avec des rabats, et dans la boîte en métal – ou l’objet d’un simple reçu, c’est selon. L’infection, la poche, le repli, l’affaissement, le toujours plus de tissus à l’intérieur. La physionomie propre à l’abcès, chose infecte qui existe en douze, en seize, en vingt-quatre points. Le partage en deux au lieu d’un seul, et si la langue à présent peut le dire, le partage en un ou convocation devant la pensée de tout le reste. Une impression de lenteur et d’abandon. En une heure de temps, de souple à molle. Voici : ne lâche pas les bras. Ne baisse pas. Puis baisse, rebaisse. Arrête, ça va, ça ne va pas. Lave la vitre, va dehors, va passer la toile. Ouvre un volume en forme de vase ou de carton. Mets du produit. Ne bouge plus.